Un nouveau rapport au temps et à l’espace
Venons-nous d’assister à un nouveau Big Bang ? Avant d’aborder les opportunités & les menaces des métavers, nous vous proposons de parcourir les premiers bouleversements concrets que les métavers s’apprêtent à provoquer.
Impacts des Métavers : un espace repensé
C’est un des points clé des Métavers. Ils vont permettre de lever des barrières infranchissables jusque-là, comme le télétravail. J’ai échangé la semaine passée avec une dirigeante d’entreprise qui m’expliquait que le télétravail était pratique, mais encore compliqué pour l’assimilation et la diffusion de la culture d’entreprise. Le métavers va probablement apporter une réponse à ce besoin, puisque n’importe quelle entreprise pourra centraliser, virtuellement, ses locaux dans un même espace. Les équipes pourront ainsi se réunir, échanger et être immergées dans la même culture d’entreprise, quels que soient les lieux physiques où les collaborateurs se trouvent.
Les métavers feront disparaître de nombreuses limites physiques. Qui n’a pas jamais connu de problème de réservation de salles de réunions ? Ces contraintes engendrent des pertes de temps inutiles et extrêmement contraignantes. Le métavers permettra de créer autant d’espaces que nécessaires. Les entreprises internationales, avec des bureaux physiques dans de nombreux pays, pourront rassembler la globalité de leurs équipes au sein d’un même espace virtuel. Nous pourrions ainsi voir apparaître des espaces rassemblant plusieurs dizaines de milliers de personnes.
Les 10 prochaines années bouleverseront probablement tout notre rapport à l’espace.
Il en va de même pour les difficultés à faire venir les talents sur certains sites géographiques. Avec les métavers, nous repenserons notre rapport à l’emploi et aux RH. Il ne sera plus nécessaire de quitter sa zone géographique (et d’embarquer toute sa famille) pour travailler. Ce paramètre rejoint également d’autres mutations dans notre rapport à l’emploi, notamment avec la gig economy. Nous conditionnerons nos choix de lieux physiques par d’autres facteurs (qualité de vie, loisirs disponibles, changements climatiques, etc.).
De nouvelles expériences mixant espaces matériels et virtuels
À court terme, de nombreuses nouvelles expériences pourront être proposées. Sur les lieux de vente par exemple, et dans la prolongation des stratégies omnicanales, les marques pourront proposer des expériences croisées, entre espace réel et virtuel (personal shoppers, personnalisation du produit en réalité augmentée, etc.). Le métavers pourra être utilisé pour aller plus loin dans l’expérience et permettre des tests dans l’univers de la marque ou dans un environnement spécifique. Les parcours d’achat pourraient être complétés par de nouvelles expériences, en fonction de la maturité client, de ses comportements ou de ses paramètres (situation, lieu où il se trouve, etc.).
Impacts des Métavers : une redéfinition du temps
Notre rapport au temps se voit tout autant bouleversé que celui de l’espace. Les temps « morts » disparaissent (trajets domicile – travail, déplacements professionnels, etc.). Reste à savoir comment le temps gagné sera utilisé.
Si il est indispensable aujourd’hui de rencontrer physiquement ses interlocuteurs pour remporter une affaire, il y a fort à parier que demain, la rapidité / réactivité seront privilégiées. Les rencontres vidéos ou virtuelles sont d’ailleurs de plus en plus acceptables et communes dans le milieu professionnel.
Et qu’en sera-t-il des déplacements dédiés aux salons, aux spectacles ? Aujourd’hui déjà, de plus en plus de solutions nous permettent d’assister à distance aux événements (et en direct). Les métavers nous permettront de croiser plusieurs expériences, à distance, au sein d’un même environnement (assister à une conférence, visiter des « stands », réseauter dans des rooms dédiées, etc.). Au-delà des enjeux écologiques, notamment dûs aux transports, les enjeux temporels existent et permettent de maximiser l’optimisation de son temps.
une « hyper-personnalisation de masse » instantanée
Nous évoquions l' »hyper-personnalisation de masse », comme l’une des tendances à venir. La production de produits de masse, à la demande, ou sur-mesure se répand. Mais avec les métavers, la notion d’instantanéité vient s’ajouter à la tendance et lui donne une nouvelle dimension.
Nous n’irons pas plus loin sans risquer de spéculer.
Disons seulement, que pour un marché virtuel, le temps entre l’acte d’achat et la réception du produit ou du service est quasi nul. Cela change tout.
Impacts des Métavers : la data
Les entreprises collecteront la data encore plus simplement que dans les espaces physiques, sans sensors ni matériel complémentaire. Les marques, au sein de leurs propres espaces, pourront collecter des informations complémentaires pour augmenter la connaissance client et proposer des expériences, des services ou des produits personnalisés.
La différence avec un site Internet ? Les interactions et les expériences possibles. Les métavers promettent des expériences plus immersives.
Impacts des Métavers : les marques seront présentes
Il va de soi que les métavers vont redéfinir notre rapport global au monde et nos interactions sociales. Dans cet article d’Élise Viniacourt dans Libération, l’anthropologue Fanny Parise s’inquiète de la présence des marques dans les métavers. Si Second Life a rapidement attiré des marques peu matures au milieu des années 2000, il va de soi que les « métavers » et leurs dérivés intéressent les entreprises depuis plusieurs années…
Les métavers seront péremptés par les marques car les motivations même de la création de ces univers virtuels sont d’abord économiques.
L’anthropologue soulève par ailleurs de nombreuses questions sur nos rapports aux métavers, et plus globalement au numérique. Un terme retient l’attention quand l’accélération digitale est évoquée : « de gré ou de force ». Les métavers sont-ils la suite logique ? Est-ce un vrai progrès ? Peu importe finalement la réponse… C’est ce vers quoi l’économie tend et entraîne.
Les marques auront-elles vraiment d’autres choix que d’y aller, dans un système où la Data est devenue si centrale ?