Communiquer la data, au regard de la pandémie, ne sera jamais comme avant. Dans un climat de méfiance, ce troisième article de la série dédiée aux datas et à la pandémie met en avant quelques bonnes pratiques à garder à l’esprit avant de diffuser un message qui repose sur de la donnée.

Une question de confiance

Dans les métiers de l’information et de la communication

Dans les métiers du marketing, il est commun de prendre quelques raccourcis et de présenter des données de manière assez sommaire, pour expliquer une tendance ou illustrer un phénomène. Une habitude également commune dans le milieu journalistique, et globalement, dans le secteur de l’information-communication.

Appuyer une réflexion en statistiques, expliquer une tendance avec quelques chiffres-clés, … ces pratiques permettent d’aller plus vite. L’essentiel est le message. Les chiffres ne sont que des illustrations ou sont présentes pour crédibiliser le discours.

Ces façons de communiquer étaient largement répandues jusque-là parce qu’un préalable implicite existait : la confiance.

Les réseaux sociaux, pour communiquer et/ou pour informer ?

Les réseaux sociaux, développés il y a une quinzaine d’années, ont été conçus à partir d’un socle d’implicites, parmi lesquels la confiance et la possibilité de communiquer ou d’informer de façon sommaire et rapide . En quelques années, ils ont révolutionné notre rapport à la temporalité. Ils ont aussi su développer notre appétence pour le snacking content.

Mais, il semblerait qu’ils n’aient pas modifier nos manières de nous informer, comme l’explique cet article de Laurent Cordonnier, Docteur en Sciences Sociales. Dans ce texte, l’auteur explique que la confiance accordée n’a aucune incidence sur le choix des sites consultés, tout en émettant des hypothèse sur le contexte de la visite. Il explique qu’il s’agit peut-être d’un « papillonage ».

Des outils qui ne sont plus adaptés ?

La pandémie a accéléré des tendances qui, si elles se confirment, impliqueront de nouvelles façons de présenter la communication et l’information. En fait, les réseaux sociaux n’ont jamais été pensés pour présenter des contenus longs.
Des particularités qui forcent parfois les utilisateurs à utiliser des parades. C’est notamment le cas avec Twitter. Beaucoup usent et abusent des threads : simples et pratiques pour des discussions légères, fatigants pour des débats d’idées…

Ou des utilisateurs qui ne sont plus capables de lire ?

Il s’agit en fait des usages des réseaux sociaux. Pensés pour des formats courts, pour des émotions et des opinions, ils ne sont plus adaptés dès qu’il s’agit d’étayer le discours. L’attention que nous dédions à parcourir les fils d’actualités est également trop faible pour y faire autre chose que du snacking… Après avoir cliqué sur « afficher la suite » d’un post Facebook, qui n’a jamais soufflé en découvrant un contenu jugé trop long ? Même les formats vidéo sont concernés et il est difficile de retenir l’attention plusieurs minutes. Les prises de parole se doivent d’y être courtes et synthétiques.

Il n’est pas question des capacités cognitives des internautes. La pandémie a montré que les individus sont capables de consulter des contenus longs, scientifiques et complexes, de se documenter. Alors la question n’est pas de savoir si la démarche leur a permis de s’informer efficacement. Laissons ces questions aux polémistes. Ce qui est intéressant, c’est que l’attention et l’effort y sont suffisants pour aller au bout de la démarche. Encore une fois, il s’agit d’usages, et seulement d’usages, des réseaux sociaux.

Ce paramètre est important lorsqu’on y communique de la data. Les réseaux restent adaptés pour des formats courts et impactants, il faut cependant veiller à lier la publication vers des contenus plus denses, capables de montrer la véracité et la validité des données, quelque soit son autorité.

Source ?

Pendant la pandémie, certains internautes se sont amusés de l’épidémie de « sourciers » sur les réseaux sociaux. Époustouflant ! En 20 mois, la tendance s’est imposée et a redéfini notre rapport à l’information. Et notre manière de communiquer a également été impactée.

De par les usages, les réseaux sociaux sont extrêmement utiles pour les activistes et les manipulations d’opinions. Une tendance qui date de plusieurs années, mais que la pandémie a considérablement accélérée. La profusion de fake news est aussi à l’origine de nombreux comptes et pages dédiées au fact-checking et/ou au debunkage.

Des complications liées à la temporalité

Une autre difficulté réside dans le changement de temporalité. Le public attend des réponses immédiates, instantanées. On doit savoir prédire, en temps réel, à partir de données publiées : épidémie, efficacité du vaccin, nombre de morts, zones touchées, meilleures stratégies, …

Isoler la data, sans accès aux données complètes et contextuelles devient « risqué ». La data n’est pas décrédibilisée en tant que telle, ce sont les messages qui sont parfois remis en question ou le manque d’informations complémentaires pour appuyer ou réfuter les arguments. Le public attend du sérieux pour accorder du crédit et de la confiance.

Lorsque la donnée n’est pas exploitable en temps réel, ou qu’aucune prédiction fiable n’accompagne les chiffres, mieux vaut donc s’abstenir.

Organiser l’information autour des datas

Pour présenter des données, il est donc préférable de :

  • Diffuser du contenu court sur les réseaux sociaux, avec un lien vers des informations exhaustives,
  • Prévoir un media à partir duquel les données complètes ou la démonstration complète est accessible (blog, pages d’un site,…), afin de démontrer la sincérité de la démarche et de prouver l’authenticité et la véracité de son message,

Quelque soit votre autorité et/ou la confiance que vous porte votre audience.

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